Situation par rapport au département de la Corrèze :
La Ville d’ Ussel au coeur de la Haute-Corrèze est la deuxième sous-préfecture du département et la troisième ville en terme de population avec 10 831 habitants en 2011.
les habitants s’appellent les Ussellois. Je vais vous présenter dans ce paragraphe l’histoire de la commune depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours.
Pour débuter, voici une de mes photos de la commune prise en Mars 2013( cliquez sur celle-ci pour l’agrandir )
- La situation géographique :
Ussel s’est installé sur l’un des gradins qui descendent de la Montagne limousine vers la Dordogne, dont le cours, un temps Nord-sud, emprunte une partie de la grande faille qui sépare l’Auvergne et le Limousin .
Ce gradin, supérieur à 600/700 mètres, a été violemment déchiqueté et compartimenté par les affluents de la Dordogne. Ussel, comme d’autres villes du contact montagne-plateau intermédiaire du bas Limousin, occupe un de ces interfluves nord-sud, entre Diège et Sarsonne.
La ligne de séparation des eaux court à 650/660 mètres. Elle s’abaisse légèrement à 630 mètres en une cuvette où passe la vieille route Clermont – Tulle, tronçon de la voie Lyon – Bordeaux, et où se sont installés les hommes.
La violence de l’érosion fait couler la diège en dessous de 600 mètres, et la Sarsonne légèrement au-dessus. Les dénivellations sont donc importantes en quelques centaines de mètres, mais la nature du terrain, constitué de façon homogène par le granite d’ Ussel, a provoqué un modelé assez doux( voir photo ci-dessous). Ce granite gris sombre riche en biotites, se dégrade relativement vite et noie les versants dans l’arène lorsque les eaux n’exercent pas leur violence.
Les hommes se sont installés sur le versant nord du creux évidé, dans l’interfluve, à l’abri des vents du nord et du nord ouest, dans un premier temps, un peu plus bas – en contrebas de la vie romaine – puis, un peu plus haut, lorsque l’église puis le château ont dominé la route installée sur le point le plus bas de la ligne de partage des eaux.
Cette occupation des hommes, dix à vingt mètres en contrebas des hauteurs, face au sud, est tout à fait caractéristique de la région. Tous les villages anciens du pays d’ Ussel sont installés de cette façon, qui coïncide souvent avec les parties des versants ni trop sèches ni trop humides, à l’ arène encore épaisse et capable de porter des cultures de seigle.
L’orientation des versants au sud-est, sous le climat rigoureux de la région, était un gage supplémentaire pour l’occupation permanente. Le site d’ Ussel s’est révélé comme le plus favorable possible aux cultures de céréales, puisque le terroir ussellois a été le seul de toute cette zone à pouvoir porter un peu de froment.
Le développement d’une ville au lieu d’un village ne peut s’expliquer que par le carrefour né entre la route de crête Aubusson – Mauriac et la voie romaine. Les voies de passage sont peu nombreuses et difficiles dans ce pays compartimenté.
La fonction de capitale de cette petite région allait dépendre de la qualité des liaisons avec les autres noyaux de peuplement. Lorsque l’ élevage, seul vraie richesse du pays d’ Ussel, s’est développé, le noyau qui sut attirer les échanges fut celui dont la position géographique était la plus commode et ouverte.
-L ‘ époque romaine :
La publication de la carte archéologique de la Corrèze permet d’avoir une vue d’ensemble sur l’ occupation du sol à l’époque romaine. Malgré tout, celle-ci reste très ponctuelle et les nombreuses découvertes de vestiges gallo-romains ( voir sur le site « lieux touristiques » ) faites sur le territoire de la commune ne peuvent être localisées avec précision.
Ussel, dont le nom provient du celtique *uxellos, forme simple, sans suffixe, signifiant « haut », « élevé », était situé le long de la voie romaine allant de Clermont à Périgueux.
Cette voie traversait la Sarsonne à gué( vois principe du gué ici ), en amont du pont actuel, passait dans le faubourg de Masset, traversait l’ actuel noyau urbain, qu’elle quittait par le faubourg Duché ( rue Michelet, puis rue des Barlauds, franchissait la diège à gué, en amont du pont des salles, gagnait les salles, puis l’ Empereur; l’on peut suivre encore, sur 1,5 km, son tracé rectiligne au travers des Plaines Saint-Pierre.
Son parcours est jalonné de découvertes, depuis Ebrail, le Theil, Le Champ-Rouge, Masset, Montplaisir. ( des fouilles archéologiques effectuées par inrap en Novembre 2009 montre des traces possible ce cette voie voir le rapport en cliquant ici )
Voir ci-dessous une estimation ou se situe la voie romaine dans Ussel ( grossir la carte pour plus de précision )
Afficher Ussel voie Romaine sur une carte plus grande
Le quartier de Bourbounoux et les abords de la chapelle de la Chabanne furent particulièrement productifs. Le principal monument romain, une aigle monumental, haute de 1.67 m, a été trouvé en 1780 au moulin du Peuch ( voir deux photos ci-dessous). On ignore à ce jour, à quelle fin elle était destinée.
L’ absence de fouilles systématiques dans le sous-sol d’ Ussel ne permet pas de connaître avec précision la répartition de l’habitat.
Rappelons seulement qu’une importante nécropole fut mise au jour, en 1769, à Monplaisir . L ‘ existence d’un habitat le long de la voie romaine, réparti entre Diège et Sarsonne, est certain. On ignore quelle était son importance et sa structure, et l’on peut définir que des zones riches en vestiges archéologiques.
Rien ne permet d’affirmer, comme certains l’on fait, qu’il s’ agissait d ‘un vicus.
La ville médiévale : église ou château
Pendant plus d’un millénaire, l’ histoire d’ Ussel reste dans l’ obscurité. Une monnaie mérovingienne portant la légende : + C. USSALIAFI/ + DAOCOLUMMON, proviendrait d’ Ussel, selon Ponton d’ Amécourt ( n° 4646), ou du moins l’ érudit numismate y voyait le nom de notre ville.
Une autre monnaie, trouvée à Bordeaux, légendée : OXCELLO VICO, a été également attribuée à Ussel. De là à voir à Ussel un fisc et un atelier monétaire, le pas a été vite franchi.
L ‘ église d’ Ussel est placée sous le vocable de Saint Martin, et Michel Aubrun a constaté que les lieux martiniens – il y en a plus d’une centaine en Limousin – correspondent aux paroisses anciennes. Précisons que le vocable de l’ église n’est pas connu avant 1254.
Il faut attendre 1097 pour voir citer le nom d’Ussel dans un texte, un acte du cartulaire du chapitre cathédral Saint-Etienne de Limoges : le 24 février 1096 (1097 n.st.) l’évêque de Limoges, Humbaud de Saint-Sévère, échange avec l’abbé de la Chaise-Dieu,Seguin,contre l’ église d’ Objat, « parrochialem et matrem aecclesiam Ussellis, cum aecclesiis et cum aliis rebus quae ad illam pertnent, preter sinodum et paratam et censum XV solidrum … « ( l’église paroissiale et matrice d’Ussel, avec les églises et toutes autres choses qui dépendent d’elle, à l’exception des droits de visite, et d’un cens de quinze sous).L’église d’ Ussel était alors qualifiée d’église-matrice possédant d’autres églises, qui lui étaient soumises, et des dépendances.
L’ acte n’énumère malheureusement pas ces églises, dans lesquelles il faut voir des églises rurales devenues à leur tour paroisses. Les liens de dépendance entre l’ église d’ Ussel et l’ abbaye de la Chaise-Dieu furent d’ assez courte durée; on en retrouve aucune trace dans les archives usselloises, et, en 1315, l église était soumise au patronage de l’évêque de Limoges.
Quoi qu’il en soit, ce texte montre l’ importance qu avait l église d’ Ussel à la fin du XIème siècle, ancêtre par certain côté de l’ archiprêtré qui se mettra en place au XIIIème siècle et dont le siège s’ est fixé à Saint-Exupéry, paroisse limitrophe d’ Ussel, à l’ est.
Ce choix peut avoir été motivé par la soumission à cette époque de l’ église d’ Ussel à l’ abbaye de la Chaise-Dieu.
Le batiment actuel ( ci-dessus), qui n’est pas antérieur au XIIIème siècle ( les bas-côtés nord et sud furent construits en 1499 et 1520, en empiétant sur l’ancien cimetière des pauvres en particulier) ne permet pas de connaître la configuration de l’église du XIeme siècle.
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Le second élément du paysage urbain ussellois est constitué par le château, dont une rue a gardé le souvenir. Comme l’ église, ce château, dont il ne subsiste aucun vestige matériel, n’a guère laissé de traces dans les textes . Il s’agissait d’ un château de style » motte » c’est à dire une butte de terre sur laquelle était construit un donjon ( lieu de vie des seigneurs ) .Celui- ci appartenait aux vicomtes de Ventadour mais ne pouvant défendre celui-ci, le céda à la noble famille des Ussel (pratique courante à cette époque).
La Vida de Gui d’ Ussel, biographie provençale rédigée au XIIIème siècle, y fait allusion en ces termes : » Gui d’-Uissel si fo de Limozin gentil castellans, et tel e sei fraire e sos cosins n -Helyas eran seignor d- Uissel, qu’ es un rics chastel » ( Gui d’ Ussel était un noble Châtelain du Limousin, et lui et ses frères et son cousin Hélie étaient seigneurs d’ Ussel, qui est un riche château ) .
Mais cela ne permet pas de connaitre la forme du château. Un hommage prêté en 1466 par Georges d’ Ussel au comte de Ventadour est plus explicite : » Item et mottam castri de Ussello, et donjium in eadem constructum, seu casale ejusdem domus cum bomatgio litgio et fidelitatis juramento … » ( De même ledit Georges d’ Ussel a reconnu tenir le fief lige, avec l’ hommage lige et le serment de fidélité la motte du château d’ Ussel et le donjon construit sur elle, ou l’enclos de cette maison avec ses dépendances ).
Pour vous donner une idée à quoi ressemblait le château du XIème siècle d’ Ussel, vous pouvez observer ces deux photos ci-contre montrant un château de type « motte » et son principe de fossé et de palissade.
En 1493, certaines assises judiciaires se tenaient in motta sive castro ejusdem ville .
Une miniature du plus célèbre manuscrit des » Chroniques de Froissart » , conservé jusqu’à la dernière guerre à Breslau, aujourd’hui disparu, le représentait avec l’ensemble de la ville. On est toujours amené a se demander en présences de telles figurations, quelle est la part d’ observation et la part d’ imagination.
Ce château, qui tombait en ruine depuis son abandon au XVème siècle et par temps de paix, fut rasé au XVIIème siècle, et le marché aux blés ( place de la république actuel ) fut édifié sur son emplacement. La chapelle castrale, placée sous le vocable de Saint-Jean, ne fut démolie qu’en 1637.
Le seul vestige visible de cette période est la tour Soubise datant du XVème siècle ( voir photo ci-contre )
Le château fut probablement construit au milieu du XIIème siècle, lorsque Ebles II, vicomte de Ventadour, fit don à son fils puîné Guillaume de la terre d’ Ussel, dont il retint le nom. Ce même Guillaume, et son frère Pierre, donnèrent en 1157 à Etienne d’ Obazine la terre où celui-ci avait établi en 1143 l’ abbaye de Bonnaigue, à 6 kilomètres au nord-est d’ Ussel.
L’hommage de 1493 parle de motte et de donjon. Le château occupait la plus élevée de la ville, et ses versants nord-est sud-est offraient un surplomb naturel. L’ensemble castral, tel qu’on peut le saisir a travers le parcellement de 1811, offrait une superficie d’environ 5 000 mètres carrés, un cercle d’environ 80 mètres de diamètre, situé à une cinquantaine de mètres seulement du chevet de l’ église.
Eglise ou Château ? Lequel de ces deux éléments a surbordonné l’ habitat ? Le peuplement s’est-il fait autour de l’église, dont l’ antériorité sur le château ne fait aucun doute; le château a-t-il joué un rôle déterminant ? Il faut aussi tenir compte, pour le développement de l’habitat, de la topographie des lieux; l’ église est bâtie sur une replat. Le faible rôle tenu dans l’histoire de la ville par la famille d’ Ussel – le consulat est attesté dès 1233 – laisse penser que le château n’a joué qu’un très faible rôle dans l’occupation du sol ussellois, celui de point d’appui des fortifications.
C’est en effet a partir de cette « motte » que furent construites, au XIVeme siècle, les murailles qui enfermèrent la ville jusqu’au XVIIIeme siècle et qui firent d’elle une « ville murée » . Ces remparts, dont la construction et surtout l’entretien constituèrent l’une des principales occupations des consuls pendant tout le Moyen-Age, ont marqué de façon définitive le parcellement usselois, tel qu’on peut le saisir a travers le cadastre en haut de page de 1811, mais encore a travers le cadastre actuel.
Selon Froissart, ces remparts été précédés de fossés, « qui estoient grands et parfons et pleins d’ aigues « ( qui étaient grands et profonds et pleins d’eau ).
On en suit aisément le tracé : rue du Palais ( aujourd’hui boulevard Clémenceau ) – rue du Boulevard du Nord ( aujoud’hui boulevard Treich – Laplène ) – route de Bordeaux à Lyon ( aujourd’hui Avenue Carnot ) – Boulevard Victor Hugo – Boulevard Duché ( aujourd’hui boulevard Foch ) . Il en existe un relevé drssé en 1793 » Enceinte de la ville d’ Ussel », en vue de la rectification du tracé de la route de Bordeaux à Lyon ; la portion comprise entre les portes de Bourdounoux et Séclide disparut malheureusement à cette occasion.
Mais, dés le milieu du XVIIeme siècle, les fossés comblés avaient été transformés en jardins par les Usselois. Ces murailles étaient percées de cinq portes, flanquées chacune d’une tour, qui subsistèrent jusqu’au milieu du XVIIIeme siècle, donnant accés aux faubourgs, dont elles portaient le nom : Porte Duché, Porte du Thuel ( démolie en 1769 – 1779 ), Porte de Masset ou Ducale, Porte Séclide, Porte de Bourbounoux ( démolie en 1771 ) .
Le parcellement de 1811 reflète la structure générale de l’ habitat médiéval, groupé par ilots à l’intérieur des murailles, prenant appui sur elles, car il y a fort à penser que l’arrière des maisons formait l’essentiel de celles-ci, comme le le plan du presbytère dessiné en 1763, le seul plan ancien de maison Usselloise ( voir plan ci-joint ).
Ceci explique le nombre relativement élevé des passages, des ruelles longues seulement de quelques mètre ( voir photo de gauche d’une petite rue donnant sur la place Joffre) , mais aussi l’ absence de cours et de jardins. Le territoire de la ville est exigu et le coefficient d’occupation du sol élevé. La ville s’est figée dans la configuration qu’elle avait au XIVeme siècle. Il ne faut pas s’étonner si, dés le milieu du XVIIeme siècle, les Ussellois s’empressèrent de transformer les fossés en jardins, et de percer la muraille pour y accéder plus facilement.
Ussel possédait peu d’ édifices publics : l’ Eglise ; une place conquise au milieu du XVeme siècle sur le cimetière, où une fontaine fut installée à la fin du Moyen Age ou au début du XVIeme siècle, la boucherie ….. Il n’y eut pas de maison commune avant le XVIIeme. Dés la fin du Moyen Age, apparurent, au milieu de l’enchevêtrement des maisons, quelques immeubles plus importants, avec tourelle externe d’escalier, fronton de porte en arc brisé parfois orné d’un écu. Aucun des écus subsistant n’est armorié – les armes étaient sans doute peintes – et ne permet de mettre un nom sur ces maisons. La résidence usselloise des Ventadour sera, au siècle suivant, le modèle accompli de ces maisons de granit.
- les faubourgs :
Les murailles ont empêché une extension normale de la ville. Elle s’est donc faite avec la création de faubourgs, le long des principaux axes de communicition : faubourg Duché et de Masset, sur la route de Périgueux à Clermont, faubourg du Thuel, sur la route d’ Aubusson et surtout faubourg de Bourbounoux sur la route de Bort et de Neuvic.
C’est essentiellement le faubourg de Bourbounoux qui apparaît au Moyen Age, occupé avant même la construction des murailles au XIVeme siècle. En effet, en 1269, le bourgeois Adémar aus Praetz y fonda un hôpital à l’usage des pauvres de la ville et des pauvres de passage, hôpital confié à la gestion du consulat, et qui restera en ce lieu jusqu’au XXeme siècle.( voir photo de l’hopital au début du XXeme siècle )
Au sud de cette hôpital est située l’église Saint-Martial. Cette église n’apparaît dans aucun pouillé ancien – 1315, pancarte du XVIeme siècle. Il en est pour la première fois question lors de l’enquête faite en 1499 à l’occasion de l’agrandissement de l’église Saint-Martin, où il est dit d’elle qu’elle n’était pas paroissiale : « il est nécessaire a une partie desdits habitants aller a une autre église, que se nomme Saint Martial, que n’est point parrochiale. » L’ édifice, dans ses parties anciennes, remonte au XVeme siècle, et n’ offre aucun vestige antérieur. S’agit-il d’une église annexe ? En demandant la cession, en 1670, les pénitents bleus la qualifiaient d’ « ancienne paroisse », mais quel crédit accorder à ces propos avant tout intéressés; et, dans ce cas, elle aurait figuré dans la pancarte du XVIeme siècle. Il faut y voir plutôt une église cimetériale. Le cimetière était en effet, jusqu’au début du XVeme siècle, établi sur le pourtour de l’ église Saint-Martin. Il fut alors transféré au faubourg Bourbounoux, derrière l’ancien hôpital. C’est probablement à cette occasion que l’ église Saint-Martial fut construite en ce lieu. On ne peut que rapprocher la date présumée de constructionde l’édifice avec celle du transfert du cimetière.
En suivant la route de Neuvic, 400 mètres plus loin, au sommet de la colline, faisant face au château, se trouvait à la fin du XIVeme siècle, la chapelle Notre-Dame-de-la-Chabanne. L’ église que l’on peut voir aujourd’hui a été construite en 1640, mais elle existait à la fin du XIVeme siècle,car, à la suite d’un accord passé le 3 Novembre 1395, Hugues de Chabannes, seigneur de Charlus, s’engageait à relever le sanctuaire incendié par ses hommes lors d’un conflit avec Hugues d’ Ussel, coseigneur de Charlus et oncle du routier Aymerigot Marchés. Il ne reste de l’ édifice médiéval qu’une statue de la Vierge à l’ enfant, en pierre polychrome, probablement offerte par une confrétie de pélerins, actuellement déposée au Musée du pays d’ Ussel.
La topographie urbaine Usselloise était pratiquement fixée à la fin du Moyen-Age, et seules quelques implantations nouvelles, en particulier dans les faubourgs, allaient voir le jour, sans modifier pour autant la structure générale de la ville.
C’est au faubourg de Bourbounoux qu’étaient, sous l’ancien Régime, les lieux de dévotion préférés des Ussellois, avec Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle et Notre-Dame-de-la-Chabanne, culte plus récents que celui de Saint-Martin, mais plus proche de la piété populaire.
L’ époque moderne n’a pas été marquée seulement par l’implantation de communautés religieuses, mais aussi par un certain éclatement du cadre médiéval. Les fossées des remparts furent comblés dès le XVIIeme siècle et transformés en jardins, surtout au bénéfice des maisons contiguës. Le plan du presbytère, dressé en 1763, qui est, comme nous l’avons dit, le seul plan ancien d’un groupe de maisons de la ville, en fournit un excellent exemple.
Le plan de l’enceinte (voir photos ci-dessous ) dressé en 1793 montre que la totalité des fossées a été transformée en jardin. Sur le plan de 1811, les jardins bordant la route de Clermont ont laissé entrevoir un début de lotissement des jardins. Une occupation intermittente des fossés par des activités horticoles, entre deux remises en état des fortifications, a probablement laissé la place à une occupation permanente dès la que la sécurité a été assez longtemps assurée. Ussel ne perd vraiment sont caractère de ville murée de façon irréversible qu’au milieu du XVIIIème siècle, lorsque le consulat décide la démolition des portes qui tombaient en ruine.
Aprés la tour de Bourbounoux, les consuls décident aussi la mise à bas de la tour du Thuel, en 1769. En fait, les opérations furent longues. Il fallut dix ans pour que la démolition de la tour du Thuel soit effective ( 1779). Les pierres qui en provenaient furent affectées, en 1780, aux travaux d’ urbanisme de la bourgeoisie pelaude éclairées : réparation du pavé de la rue Séclide, réparation de la fontaine de Bourbounoux, construction d’un aqueduc dont il ne subsiste rien. Ainsi, la ville a lentement assimilé ses murailles, comme elle l’avait fait du château, mais cela n’ a rien changé du tissu urbain central jusqu’au XIXème siècle.
Au XVIIIème siècle, Ussel est une ville très dense, dont l’occupation du sol tranche fortement dans une région peu peuplée. C’est cette densité qui lui donne son caractère urbain, malgré une population modeste. En 1806, soit cinq ans avant la confection du plan cadastral, la commune comptait 2 959 habitants, dont 1927 pour la ville proprement dite, et 1 092 pour la campagne voisine.
Le gros des maisons a, en 1747, un ou deux étages, quelquefois plus. Le type des maisons villageoises, basses et intégrant les bâtiments agricoles, n’ apparait qu’ à l’ extrémité des faubourgs. Les maisons serrées, avec leurs portes en arc brisé, plus ou moins blasonnées, leurs escaliers en vis en saillie, créent un paysage urbain caractéristique. Elles n’ont que peu changé depuis l’âge d’or de la ville, depuis la fin du XVIème siècle et le début du XVIIème . C’ est en effet de cette époque que datent la plupart des maisons anciennes conservées.
C’est seulement dans les dernières années de l’ancien Régime, qu’ici comme ailleurs, la volonté d’ ordonner et d’ assainir la ville, de la rendre plus commode aux habitants, apparaît timidement. Ces velléités furent de courte durée, pour des raisons financières évidentes, dans le coeur urbain.
La configuration de la ville médiévale, partant celle de la ville d’ Ancien Régime, est restée celle de la ville du XIXème siècle. Son élévation au rang de chef-lieu de district du département de la Corrèze en 1790, de sous-préfecture en l’an VIII, n’ont pas eu d’ influence sur la topographie urbaine. La nouvelle administration prit simplement la place de l’ ancienne.
L’ essor de la ville s’est fait tout naturellement en suivant les grands axes routiers : vers Clermont, vers Bort, vers Neuvic – autour de la nouvelle route – vers Tulle et vers Aubusson. La construction, en 1912 de la gare du chemin de fer, sur les bords de la Sarsonne, près du château de la Borde, privilégia l’expansion le long de la route de Clermont-Ferrand, donnant naissance à un nouveau quartier, le « quartier de la gare », dont on observe la lente osmose avec la vieille ville dans la première moitié du XXème siècle.
Aujourd’hui, l’expansion se fait vers les collines voisines comme « La Vialatte », « Grammont », « Le Mazet », » Cousergues » etc etc …. , laissant encore vièrges les rives malsaines des deux rivières de la Diège et de la Sarsonne.
Ussel de 1939 à 1945 :
Début 1942, l’idée de Résistance commença à prendre des formes concrètes en Corrèze avec les premiers actes de sabotage. Toujours début 1942, se constituèrent les Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF mais appelé plus fréquemment FTP). Durant l’été 1942, se montèrent les premiers camps de résistance, appelés maquis à La Tourette (Faïta) sur la commune d’Ussel créé par les FTP.
le premier acte de sabotage fut le dynamitage de la centrale électrique de l’usine Montupet à Ussel, les 19-20 juin 1942. Cette fonderie appartenait au groupe Gnome et Rhone dont le directeur général, alors le plus important fabricant français de moteurs d’avions, s’était déclaré prêt en août 1940 à coopérer avec les Allemands. Cet évènement eu un effet considérable car il visait la production militaire.
La visite du chef de l’État de Vichy, le maréchal Pétain, les 7 Juillet 1942 à Ussel fut diversement accueillie par la population.
La porte serpenoise fut installée à la sortie d’ Ussel direction Tulle.
Le maire socialiste d’Ussel, François Var, salua le chef de l’État en s’exclamant : Ici, on vous aime, Monsieur le Maréchal, et cela depuis longtemps déjà! , ce qui lui a valu une sanction de son parti à la Libération.
La mise en place en février 1943 du STO pour les jeunes nés entre 1920 et 1922 fut un facteur décisif pour le développement des maquis. Les réfractaires, c’est-à-dire ceux qui refusaient d’aller travailler en Allemagne constituèrent des camps. Le nombre de personnes prenant le maquis fut extrêmement important. Il fallut l’organiser.
Dirigé depuis la région de Brive-la-Gaillarde puis de Limoges, ce maquis se scindait en plusieurs secteurs principaux :
maquis AS de Basse-Corrèze (Brive), Moyenne-Corrèze (Tulle) et Haute-Corrèze (Neuvic-Ussel)
Au moment du débarquement en Normandie, une compagnie du Premier régiment de France est stationnée à l’école primaire supérieure et une garnison allemande de 180 hommes à l’école Jean-Jaurès. Les Allemands, se sentant menacés, se mettent sous la protection du 1er RF. Le 10 juin, les Allemands massacrent 55 jeunes maquisards qui se sont présentés devant l’école primaire supérieure.
Au début de juin 1944, les résistants autour d’Ussel sont déjà nombreux et bien armés. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, les FTP lancent un grand nombre d’opérations : ponts sur la Dordogne détruits, routes coupées, lignes ferroviaires sabotées. La plupart des voies de communication restent impraticables les jours suivants. La garnison allemande de Marèges est encerclée à partir du 6 juin. L’attaque par les FTP de la garnison de Tulle, le 7 juin, aboutit à la prise de la ville. À Ussel le 8 juin, un bref combat avec la Résistance, devant l’école Jean-Jaurès, fait trois morts, un soldat allemand, un soldat et un gendarme français. La garnison allemande s’estime dès lors isolée et menacée, et souhaite quitter la ville au plus vite pour rejoindre Clermont-Ferrand. Cependant, elle est peu importante, 180 hommes du 95e régiment de sécurité, commandés par le lieutenant Hahn, et sait que les résistants ont les moyens de l’en empêcher. Elle ne veut pas se rendre aux « terroristes » et, faute d’autre solution, en est réduite à espérer le secours éventuel d’une unité allemande. En attendant, elle sollicite la protection du Premier régiment de France, régiment vichyste dont une compagnie est stationnée à Ussel.
Une négociation a lieu le 8 juin entre le chef de la garnison allemande et le capitaine Noêl, commandant la compagnie du 1er RF, assisté du lieutenant Pujol, commandant la gendarmerie d’Ussel, et du maire, François Var. Elle aboutit à un accord le 9 juin au matin. Pour les Allemands, il s’agit d’une mise sous protection pour quelques jours. La garnison se transporte de l’école Jean-Jaurès à l’école primaire supérieure, vaste bâtiment où est cantonné le 1er RF. Il est convenu que les armes allemandes seront déposées dans un local mais que les Allemands les reprendraient en cas d’attaque par la Résistance. En revanche, la population prend cet accord pour une vraie reddition. De son côté le Premier régiment de France accepte de passer sous le contrôle de l’Armée Secrète.
La rumeur populaire de la reddition parvient aux résistants. La situation de ces derniers est particulière. Les unités combattantes, parties avec leurs chefs libérer Tulle, ne sont pas encore revenues. Depuis la nouvelle du débarquement de Normandie le 6 juin, les jeunes volontaires ont afflué en nombre. Ils n’ont pas de formation militaire ni d’encadrement et disposent de très peu d’armes. Pour eux, la « reddition » allemande est exaltante, et aussi une aubaine permettant de récupérer l’armement ennemi.
En revanche l’accord secret entre les Allemands et l’A.S. est très mal accepté par les FTP qui n’ont pas été consultés. 55 jeunes maquisards, venant de Saint-Pardoux avec trois camions et un véhicule léger, arrivent à Ussel au matin du 10 juin devant la porte principale de l’école primaire supérieure. Aussitôt, une altercation oppose les maquisards aux sentinelles du poste de garde du 1er RF. Quelques coups de feu sont tirés, puis cessent rapidement. Peut-être l’incident en serait resté là et il n’y aurait eu que quelques victimes mais, au bruit des tirs, les Allemands se précipitent pour récupérer les armes dans le local où elles sont entreposées et sortent de leur cantonnement. Ils abattent les maquisards et achèvent tous les blessés. 47 hommes sont tués. Très peu arrivent à s’enfuir. Les Allemands rapportent ensuite leurs armes dans le local.
(Le 8 octobre 1944, un tribunal militaire présidé par le commandant Malaise, de l’Armée secrète, condamne à mort trois militaires allemands jugés responsables du massacre et qui sont fusillés, pour actes contraires à la convention de Genève.)
Ussel est ensuite le quartier général de la colonne de répression du général Kurt Von Jesser, chargé de pacifier la région face au maquis du Limousin. La brigade allemande est attaquée dans la nuit du 15 au 16 août par un important détachement de maquisards de l’Armée Secrète et des FTP. De violents combats se déroulent tout au long de la journée du 16 et s’achèvent dans la nuit avec la reddition des Allemands, qui ont eu 8 morts, 15 blessés et 88 faits prisonniers. L’Armée Secrète a eu 3 morts et 11 blessés, et les FTP 3 morts et 16 blessés.
Le 13 août 1944, deux officiers des FFI ; Jean Craplet, de l’Armée secrète et Léon Lanot, des Francs-tireurs et partisans, s’entendent pour attaquer la ville d’Ussel qui servait de base à la Brigade Jesser.
Les FFI commencent l’encerclement de la ville dans la nuit du 15 au 16 août. Ils attaquent en force, particulièrement à l’École Primaire Supérieure (EPS) où était retranchée la garnison allemande commandée par le lieutenant Wielpùtz. Le matin du 16, les maquisards somment les Allemands de se rendre mais ces derniers refusent. Par la suite, le docteur Boisselet rencontre le lieutenant Wielpùtz et lui présente l’acte de reddition de la garnison de Brive mais là encore sa proposition reste vaine.
Vers 9h30, les FFI ouvrent le feu, cependant ils ne peuvent s’approcher du bâtiment car les jardins ont été minés. Un avion allemand intervient également et lâche quelques bombes sur des assaillants. Plus tard, vers 16 heures, les Allemands incendient plusieurs bâtiments environnants afin de repousser les maquisards. Mais par la suite, les FFI parviennent à leur tour à incendié l’EPS.
Voici quelques images de l’ EPS après l’ affrontement :
Les Allemands se rendent dans la nuit, avec parmi eux le lieutenant Wielpùtz. 14 prisonniers français sont délivrés et les plusieurs cadavres calcinés d’Allemands sont découverts.
Les pertes allemandes sont de 8 morts, 15 blessés et 88 prisonniers. Du côté des maquisards, l’AS compte 3 morts et 11 blessés et les FTP 3 morts et 16 blessés.
Cependant le 17, la Résistance abandonne la ville à la suite du retour de la Brigade Jesser.
La libération d’ Ussel aura lieu le 18 Aout 1944, s’en suivi le défilement des FFI,des FTP et de l’ Armée Secrète le 30 Aout 1944 dans la rue principale. ( voir photos ci-dessous )
Pour finir cette période sombre de l »histoire , l’ EPS fut détruit et par la suite et un nouvel établissement vu le jour ( le collège actuellement )
j’ai essayé de faire une petite reconstitution de l’ancien EPS par rapport au collège, voir la photo ci-dessous :
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